3.3.5 - Printemps 867 : le rude lendemain

(Suite à son discours, margot propose telle toujours l'épée à julien ?)

[Absolument!]

Visiblement fort embarrassé, Julien prit respectueusement l'épée et la considéra. Il hocha la tête en signe de remerciement et d'obeissance, fit le même signe à Lhassa en allant se rassoir.

Non sans avoir salué une fois de plus tout un chacun, Margot et Agnès prirent ensuite congé, bien décidées à se reposer enfin de ce long voyage. Le festin se poursuivit un peu, jusqu’à ce que chacun gagne sa couche.

Au retour de Drom, il était l’heure pour Anselme de rendre sa décision… Margot l’attendait à l’extérieur, portant une lourde cape noire par-dessus sa broigne. Son épée était à sa ceinture et elle était déjà prête à reprendre la route.

*A la fin du repas, Lhassa prit sa flute toute nouvelle et alla dehors sous le grand arbre, elle mourait d'envie d'essayer le bel instrument.
Aprés quelques essais pour en comprendre les tonalités elle se mit à jouer, tout d'abord hésitante, puis prenant de l'assurance.
Elle essayait de retrouver la mélodie d'une ancienne complainte de son pays natal. *

Anselme avait eut du mal à trouver le sommeil, ne sachant que décider au sujet de Dion.

Demander son bannissement pure et simple de la baronnie lui semblait une bonne solution, seulement certains membres de la baronnie lui tourneraient irrémédiablement le dos, cela créerait des tensions, et les « Discordes » n’attendaient que cela pour ressurgir, et sans doute que Margot en pâtirait de voir ainsi partir sa baronnie à vau-l’eau.

D’une autre coté lui faire grâce, comme il l’avait fait à Julien, tendrait à montrer en lui une faiblesse et que son honneur pouvait être bafoué sans grand risque de représailles et que le retour de la baronne suffisait à lui rabattre son caquet.
Avant de trouver le sommeil autre chose lui avait travaillé l’esprit… Les deux ans de veuvage que la Baronne Margot de Heideld devait porter...

A son réveil, la nuit portant conseil, il prit sa décision, il y avait eut affront et désobéissance il devait y avoir un châtiment pour le déserteur.
Il enfila une chemise de lin et ceignit sa ceinture qui portait son épée au fourreau.
Il sorti de la maison, la baronne l’attendait déjà.
- " Bien le bonjour Dame Margot, vous semblez reposer en ce jour, vous m’en voyez ravi. J’ai pris ma décision quant à Dion, si vous le voulez nous pouvons lui porter céans ou bien voulez vous d’abord l’entendre ? "

Margot secoua la tête « je préfère ne pas connaître votre décision, sinon elle m’encombrera l’esprit au cours du voyage. Je veux marcher sur mes terres l’esprit libre! » Puis elle sourit, sachant qu’Anselme devrait porter ce fardeau seul. Julien les rejoignit rapidement et ils se mirent en route.

Ils firent bon voyage durant les six heures que dura leur marche et arrivèrent au gué en début d’après-midi. Dion et Frédélin étaient paisiblement installés au bord de la rivière, pêchant avec des roseaux affutés comme l’avait conseillé Julien. Margot les salua. Dion, qui s’attendait bien à revoir Anselme assez tôt, se leva nonchalamment et se dirigea vers eux. Margot s’écarta, laissant la place au noble govanien.

Julien fit une escorte silencieuse et discrète. Son habituel entrain avait fait place à de la nervosité. Il avait passé l'épée à sa ceinture pour faire honneur au cadeau de la dame, mais à l'usage, il trouvait cet attribut plutot encombrant pour la marche.

Anselme salua Frédélin et examina le lieu de refuge du Govanien
- " C’est donc là que se cache le renégat, l’endroit est bien choisit je dois dire. "
Puis son regard se posa sur Dion.
- " Comme tu vois, je suis venu avec la baronne Margot de Heideld, car elle souhaite que je te dises ce qu’il adviendra de ton sort.
Je souhaitais te parler avant qu’elle ne rentre pour te confier une mission la concernant, disons, pour tenter de rattraper tes fautes, je voulais t'envoyer quérir de ses nouvelles au Govan.
Maintenant qu’elle est rentrée je me dois de te tenir un autre discours.
Voici ce qui a été décidé :
Ou bien tu te constitue prisonnier volontaire à la baronnie dès demain matin, ou alors tu devras quitter la région sous trois jours. "

Le choix est déjà fait je ne resterais pas plus de trois jours dans la baronnie. Je ne demande et ne veux rien venant de toi. C'est la seule solution et tu le sais. L'autre choix favoriserait la discorde. *Avec un grand sourire* Tu pourrais presque me remercier pour cela.

Je souhaite bon courage aux autres. Je laisse ici tout ce qu'il s'y trouve.
Dame Margot je vous souhaite bonne chance. Puisse les esprits vous être favorable.

Dion rassemble toutes les affaires qu'il avait et dépose le tout devant Dame Margot. Il se retourne et se dirige vers le gué.

Julien s'approcha de Margot, lui tendit son épée.
"Finalement, je ne peux pas accepter votre cadeau, Dame."

Puis il partit en courant dans la direction prise par Dion avant que quiconque ne réagisse.

Julien dut laisser l’épée au sol puisque Margot ne tendit pas la main : elle l’avait déjà faite une fois et le garçon n’avait pas saisi sa chance. Elle fit signe à Frédélin de récupérer l’épée et le matériel laissé par Dion. « Ceux-là ne sont pas dignes d’être des nôtres », dit Margot d’une voix douce et sans émotion.

Margot sortir son épée et la planta devant elle. Elle y appuya les deux mains l’une par-dessus l’autre et leva le visage vers le ciel, tout en fermant les yeux. « Majestar entend moi et rend ta justice ! Soit témoin de la décision des déserteurs pour le choix qui leur a été laissé. Que ceux-ci quittent sous trois jours les terres qui m’ont été confiées par Ménoren! » Margot ouvrit les yeux, paisible, puis rangea son arme. Le sol laissa échapper un étrange bruit, comme un mugissement, et trembla légèrement quelques secondes. « Rentrons maintenant, et laissons aux bonnes grâces de Sélik le soin de punir ces traîtres s’ils ne respectent pas leur parole.» Margot fit demi-tour et reprit la route de la baronnie.

*Dion se retourne un instant en entendant les paroles de dame Margot* Ma dame de ma part parole il ne fut point donné à Anselme. Et déserteur je ne suis, me conformant au souhait de celui ci *désignant Anselme*

*Dion se retourne et continue son chemin*

"Si, justement je la respecte, menteuse, et de quoi vous voulez me punir hein ? D'avoir bêtement essayé d'arranger les choses ? Ah bah oui c'est sur, la je suis bien puni ! J'ai travaillé plus que ce gros feignassou à la Baronnie, et j'y ai plus d'amis que lui ! J'ai tué plus d'ennemis que lui, je voulais vous sauver des méchantes bêtes au dessus de vos têtes que vous aviez même pas vu et je voulais vous ramener Dion parsseque vous avez besoin de bras, mais vous êtes trop bêtes, je préfère aller vivre dans les bois, au moins je suis libre et j'ai pas à regarder un noble bien né et comme il faut avoir le courage de s'en prendre aux femmes pour les maltraiter. Si tu refais du mal à Lhassa, Anselme le courageux, je reviendrais te tuer !"

Anselme leva les yeux pour voir les " Discordes " voleté au dessus de sa tête, à son étonnement il n'y avait rien, ni au dessus de sa tête, ni au dessus de celle de Dion, Julien Ou Margot ?
Calmement il s'adressa à Julien puis à Dion.

- " Je vous ais laissé une chance à tout deux.
Toi Julien quand tu es revenu la tête basse me voir au sujet de Dion, je t'ai écouter et pardonner, tu m'a même confié que cela était signe d'un grand chef et maintenant tu parles de me tuer et tu injurie la baronne en la traitant de menteuse, elle qui t'a tendue aussi la main.
Ce que tu penses de moi ne m'étonne guère, c'est ce que certains à la baronnie pensent aussi et que vous pensiez déjà avant tout cela.
Entre la noblesse et les gens du peuple il y a toujours eut des tensions, un mur, que ce soit le tort des uns ou des autres.
Mais là, c'est de là colère qui te fais réagir ainsi, pas du bon sens, la preuve en est que tu ne protégera pas Lhassa en t'en allant.

Quand à toi Dion, ailleurs un déserteur n'aurait pas put partir librement comme tu le fais maintenant sans être inquiété, on t'aurais pendu.
Je t'ai donné le choix de revenir à la baronnie comme prisonnier, cela aurait été une première étape, rapidement tu aurais pus reprendre ta place dans la baronnie, cette chance tu ne préfère pas la tenter.
Je suis d'accord avec toi, dans l'état actuel des choses, que l'un de nous deux est de trop, mais j'aurai préféré que tu choisisse de te constituer prisonnier.
Je ne regrette rien de ce qu'il c'est passé, ni de t'avoir sauvé la vie au col lorsque je t'ai rencontré.
Disons que le temps que tu auras consacré à la baronnie aura été une contrepartie pour mon aide, nous sommes quittes sur ce point là, tu ne me dois plus rien.
Tu as choisit de partir, et bien va ton destin. "

Anselme leurs tourna le dos et rattrapa Margot qui avait déjà commencée à avancée sur le chemin du retour.

*De l'autre coté du gué Dion se retourne face a la baronnie. Il se baisse, ramasse un caillou, des brin d'herbes et de la terre. Il referme le poing dessus.*

Frontière il fut tracé, frontière il fut fermé !
Anselme de part son choix
De ce coté du gué s'est coupé
Que la porte s'écoule d'entre mes doigts

* Dion écarte les doigts et les les objets retournent au sol.*
Je ne sais si cela fera effet mais il fallait que je le fasse.

Margot ne se retourna pas, pas plus qu’elle n’entendit rien de ce qui avait été dit après ses propres mots. Frédélin, chargé du matériel de Dion emboîta le pas à la Dame et au Govanien. Ils marchèrent jusqu’à la tombée de la nuit et même au-delà, car Margot n’avait pas l’intention d’arrêter. Ils ne parvinrent à la Baronnie qu’à la minuit.

[Pour Dion et Julien, vous poursuivrez ici]

Le lendemain, Lhassa fut surprise de voir Margot déjà de retour. La route jusqu’au gué était longue et il aurait été plus que normal qu’elle y reste. Les colons s’attroupèrent pour le petit-déjeuner et les rumeurs allaient bon train. Pressée de question, Margot leur expliqua de manière très synthétique : « Dion a eu le choix entre se constituer prisonnier ou partir en exil. Il a choisi l’exil et Julien l’a suivi. Considérez dorénavant qu’ils ne sont plus des nôtres. Si jamais ils reviennent, qu’on les amène directement devant moi… » Son intervention fut suivie d’un moment de silence.

Puis elle reprit : « Dans cinq jours, au 75e jour de Gaïa, nous célèbrerons la fondation de notre colonie par la cérémonie du feu. Si d’autres veulent maintenant s’enfuir, c’est le temps qu’il vous reste pour le faire… Pour ceux qui resteront, vous respecterez les lois de nos dieux et de nos pères ».

Anselme fut avare de paroles ce matin là, et bien malin furent ceux qui devinèrent ce qu'il pensait en ces instants ?
Sur son visage on ne lisait ni joie, ni tristesse. Il avait sa mine de tout les jours aurait on pensé, mais il y avait autre chose, ses traits semblaient figés, comme hermétique.

*Lhassa avait compris qu'elle ne reverrait plus ni Dion ni Julien sans doute, elle contemplait les champs bientôt prêts pour la récolte, la vie pour elle allait être encore plus dure désormais. Mais elle ne pouvait partir, partir seule, elle n'aurait su où les rejoindre, ni dans quelle direction ils étaient partis. Et seule elle ne tiendrait pas deux jours en ces terres hostiles. Elle avait pensé que le retour de la Dame arrangerait bien des choses mais ce n'avait été le cas.
Elle n'avait plus qu'à se résigner une fois de plus.
Alors que le soleil allait se coucher sur les épis ondoyant elle prit sa flûte et joua une complainte de son pays, le son triste et mélodieux avait un caractére poignant dans la solitude du soir. Les notes montérent vers le ciel en un doux chant d'adieu.*

(jet de dé performance instruments à vent: d20=16/+6=22)

Les jours filèrent ensuite, alors que la routine reprenait lentement sa place dans une mélancolie généralisée. La Dame s’activait aux champs en compagnie de Frédélin et de Lhassa, tandis que Méliore avait terminé le poulailler et complèterait ensuite l’abri pour le métier à tisser.

Jean annonça que la maisonnette était complétée. Elle pouvait accueillir confortablement huit personnes et déjà Jean se proposait d’en construire une deuxième. Il aurait besoin de roseaux pour le toit cependant.

Margot fit installer le trépied sacré au centre de la demeure, afin que la cérémonie du feu puisse avoir lieu. Étant donné les événements qui lui avaient été relatés, Margot demanda à Marion, plutôt qu’à Luci, si celle-ci était prête à prendre en charge cette cérémonie.

La mélancolie qui régnait à la Baronnie lui pesait à lui aussi, déjà qu il ne la trouvait pas bien gaie avant, maintenant avec cette ambiance morose cela n'arrangeait rien.
Depuis le départ de Dion et Julien, Anselme aidait à qui le désirait ou qui en avait le plus besoin, il avait promis à Jean d'aller lui chercher des roseaux après la cérémonie du feu qui s'annonçait.
Il espérait que cette cérémonie du feu redonnerait un peu de chaleur à chacun en ces contrées isolées.

Marion accepta la proposition de Margot même si elle fut un peu surprise que Lucindiel n’officie pas à la cérémonie. En vérité, Marion était même un peu inquiète, car jusqu'ici elle avait pensé qu'elle n'aurait simplement eu qu'à la seconder.

Elle resta un instant dans la maisonnette à contempler le trépied après que Margot et Jean soient sortis.
Elle s'assit au centre de la pièce près de l'objet. Elle avança sa main pour le toucher, elle avait rarement-jamais- touché de l'or auparavant. C'était un métal chaleureux, contrairement au froid de l'acier ou du fer.
Elle inspira profondément puis ferma les yeux et resta quelques minutes à méditer.
Mais son esprit avait du mal à se concentrer sur là méditation proprement dite...Disons que Marion cherchait surtout à s'organiser, à réfléchir à la façon dont elle organiserait la cérémonie et la célébration de l’avènement de la baronnie.
Il lui faudrait demander à Margot l'autorisation de partir en cueillette car elle aurait besoin d'herbes et peut être que Barbenfeu accepterait de l'accompagner.

Au bout d'un moment elle se leva et alla trouver Lucindiel pour chercher conseil auprès d'elle et prier sur le Feu Sacré.

La jeune femme et l’elfe méditèrent ensemble sur le sens de cette cérémonie. Marion aurait l’honneur d’accoucher la colonie. Car c’était bien de ça qu’il était question : la baronnie allait naître au moment où le feu sacré serait placé dans le trépied… et les dieux eux-mêmes seraient témoins de cette naissance. Elle prépara donc avec beaucoup de minutie le déroulement de rituel de passage. Barbenfeu fut réquisitionné pour lui rapporter les herbes qu’elle jugeait nécessaires et Margot demanda à Lucindiel d’épauler la jeune tisserande qui, en un sens, transcendait déjà ce simple rôle. Durant ces jours qui précédèrent la cérémonie, plus que jamais Marion eut l’impression que Ménoren était intervenue dans sa vie.

Au midi du 75e jour de Gaïa, tous les membres de la colonie se rassemblèrent dans la petite maison. Margot se tenait devant le trépied d’or, qui trônait désormais au centre de la grande pièce centrale. Elle fit signe à Marion que tout était prêt…

La nuit qui avait précédé, et malgré les longues heures de méditation avec l'elfe, Marion avait peu dormi et elle s'était levée avec le soleil. Elle avait soufflé sur les braises de la lanterne Sacrée avant de la confier à Lucindiel puis s'était retirée.
Elle était descendue au lac. L'eau était froide, mais Marion y voyait là une saine purification. Elle nagea un moment puis s'immergea totalement sous l'eau pendant un moment ne ressortant le nez de l'eau que pour reprendre de l'air.
C'était comme une sorte d'isolement. L'eau autour d'elle formait un rempart idéalement opposé au feu...Lorsqu'elle se sentie parfaitement détendue et avant que son esprit ne se mette à trop vagabonder sur le passé, l'avenir et la tournure des événements récents qui avaient troublé la baronnie elle sortie du lac.
Le vent frais du matin et le soleil déjà chaud à cette époque du printemps séchèrent vite son corps qu'elle enveloppa d'une tunique propre et elle drapa ses épaules de la belle écharpe offerte par Margot.

De retour au camp, elle prépara les plantes que Barbenfeu lui avait apportées.

(A suivre....)