3.3.5 - Printemps 867 : le rude lendemain

Julien afficha un sourire radieux, qui vira au béat lorsqu'il entendit le ton avec lequel la dame s'adressait à lui pour finir. Il resta quelques secondes coua d'admiration et de ravissement, puis se ressaisit, rougit d'un coup et inclina la tête d'autant plus penaud.
"J'suis ben aise, Dame, que vous soyez reviendue, c't'un grand bonheur aujourd'hui, pour sur. Pas de désespoir, non, non, on a tous fait des balourdises pendant qu'vous z'êtiez pô là, mais tout le monde est sauf et les culottenherbes et les affreuses bêtes qui volent au dessus des têtes des gens fâchés, bah ils sont tous partis et que m'sire Anselme il a bien voulu m'écouter et que je devais dire à Dion qu'il voulait lui parler. Sur que j'suis ben content, sur que oui, que la Marion et l'Barbenfeu y zont aussi plein des histoires à raconter. Sur que oui, c't'un grand bonheur aujourd'hui, vous nous avez ben manqué Dame, ça c'est pour sur. Et pis vous aussi mademoiselle Agnès, j'suis ben content d'vous voir. Mais le Fredelin, il est pô avec vous ? Il lui est rien arrivé ? Et vous, z'êtes la toutes seules sur l'chemin ?"
Julien d'un coup regarda partout autour de lui d'un air méfiant, d'instinct gonflant la poitrine.
"J'peux, si vous l'voulez ben, vous racompagner au camp, j'irai voir Dion après, j'ai déjà fait plein de marche, j'suis habitué, j'suis pas fatigué, j'peux l'faire, j'vous assure."
Julien se risqua à lever la tête et regarda les deux femmes, mais surtout la baronne, d'un air plein d'espoir et les yeux toujours petillants de joie.

« Oui… retournons ensemble chez nous ». Margot avait bien appuyé ce « chez nous ». Elle tenait pour acquis que c’était désormais là qu’elle vivrait, et avait choisi de ne pas envisager cet endroit comme un « camp » qui donnerait l’impression que cela allait être temporaire.

« Quant à Dion, il est en compagnie de Frédélin, alors ne t’occupe plus de lui… J’ai hâte de retrouver ma baronnie, passe devant Julien. » La dame fit signe au jeune garçon de leur ouvrir le chemin. Ils cheminèrent derrière lui en direction de la colonie, marchant durant deux heures avant d’atteindre la colline sud. Là, Margot aperçut le corps rigide et partiellement picoré par les corbeaux du chef vaincu et empalé. Elle fronça les sourcils et s’arrêta. « Bien, Julien, nous y sommes. Va et annonce mon retour… » Elle laissa le garçon prendre vingt pas d’avance et descendit à sa suite la colline.

"M'dame la baronne est d'retour ! M'dame la baronne est d'retour !"

Julien eut du mal à se retenir de courir partout.

*Lhassa était en train d'irriguer les champs, les épis étaient déja hauts et lourds et il faudrait bientôt penser à la récolte, qui s'avérait prometteuse jusque là si aucune intempérie sévère ne venait dévaster leur labeur.
La tâche était dure et répétitive, fastidieuse, mais de voir croître de jour en jour les céréales portait en soi sa récompense.
Soudain elle entendit la voix de Julien qui annonçait le retour de la Baronne, son visage s'éclaircit alors d'un nouveau sourire d'espoir, elle en lâcha ses seaux et sans prendre le temps de mettre de l'ordre dans sa tenue courut vers la baronnie*

Anselme était dans la maison en train de discuter avec Barbenfeu et Isen sur les stratégies à établir en cas de nouvelles attaques, quand ils entendirent des cris à l'extérieur.
Ils sortirent l'arme à la main pour savoir d'où émanait cette agitation.
Ils virent que Julien était revenu, il exprimait sa joie en courant en tout sens dans le camp, et quand ils comprirent de quoi il s'agissait leurs traits ce détendirent. Ils aperçurent la baronne qui descendait de la colline au sud.
Anselme ne put contenir son émotion, enfin elle était de retour. Il dut reprendre sa respiration avant de mettre son épée au fourreau, il rajusta sa chemise de lin et se dirigea au devant de la baronne d'un pas rapide.

« Sire Anselme! » La baronne se dirigea vers le noble avec un sourire puis s’inclina devant lui. Elle se tourna ensuite vers l’attroupement qui se créait. Elle était visiblement contente de revoir ses camarades et en avait presque oublié le macabre avertissement qui trônait sur la colline. « Quel plaisir d’être de retour! » Elle salua tour à tour chacun d’entre eux et demanda à Isen et Méliore de décharger l’âne, et ordonna à Barbenfeu de veiller à ce qu’Éderic prenne l’animal en charge à son retour. Puis elle porta enfin à nouveau son attention sur le noble. « Alors, messire Anselme, les choses vont bon train? »

Anselme rayonnait de joie, il s'inclina devant la baronne quand elle le fit, puis il lui laissa le temps de saluer les gens de la baronnie qui se pressait pour l'accueillir, puis quand elle s’adressa de nouveau à lui il prit la parole:
-" Dame Margot de Hedeild je ne puis cacher la joie de vous revoir céans, vous nous avez beaucoup manqué, et je commençais à m’inquiéter de ne pas vous voir revenir de longtemps.
Le temps sans vous m'a paru une éternité et j'avais dans l'intention d'envoyer quelqu'un au Govan pour prendre de vos nouvelles.
Mais rendons grâce aux dieux qui ont permis votre retour, je vous trouve bon teint. "
Il lui sourit.
-" Nous avons eut quelques déboires pendant votre absence, mais maintenant que vous êtes de retour les choses vont rentrés dans l'ordre et aller meilleur train.
Vous avez voyagée longuement et vous devez être éreintée ainsi que les gens qui vous accompagne, je vous propose de vous reposez puis nous discuterons de votre voyage autour du repas.
Frédélin n'est pas rentré avec vous ? Vous n'avez pas eut d'ennui en chemin au moins ?
Dans ma précipitation j'en oubliait de vous demander si vous avez fait bon voyage ?
J'ai temps de questions à vous poser, que je vais certainement vous assommer avec ma conversation si vous ne prenez point de repos au préalable."
Anselme débitais ses paroles comme on raconte une récitation, c'est tout juste si il marquait la ponctuation.
Il s'en rendu compte :
-" Excusez moi, je parle, je parle. Prenez le temps de retrouver votre baronnie et ses gens, nous reparlerons plus tard."
Il s'écarta sur le coté et du bras il lui ouvrit le passage.
-" Soyez la bienvenue de retour chez vous Madame la Baronne, si vous voulez bien passer devant et ouvrir la marche." Fini t'il par lui dire avec un sourire.

« Vous faites honneur aux manières de la famille d’Olok! Je vous rassure maintenant, Frédélin est au gué, là où Dion nous a accueillis. Avant de me reposer, je tiens d’ailleurs à vous entendre à ce sujet fils d’Olok. Suivez-moi, nous discuterons autour d’un repas dans la maison dont la construction est bien avancée par Orgar!». Elle se retourna vers l’assemblée : « Que tous soient présents ce soir au coin du feu… » Se détournant, elle marcha d’un pas sûr vers la maison.

Julien suivit allègrement, bien décidé à n'en perdre aucune miette, car la conversation promettait, également, d'être croustillante.

*Lhassa fila en cuisine après s'être récurée les mains afin de confectionner au mieux des ingrédients dont elle dispose un bon repas de bienvenue afin de pouvoir célébrer le retour de la dame*

Margot et Anselme entrèrent dans la maison et refermèrent la porte derrière eux. À sa grande déception, Julien dut admettre que la suite allait être une conversation privée à laquelle n’étaient pas invités les gens de basse extraction. Même Lhassa dut attendre la fin de cette réunion avant de servir le repas.

Une fois à l’intérieur, Margot s’assit sur une bûche qui servait de siège. « J’ai eu la version de Dion au gué sur l’attaque des créatures, j’imagine qu’elle sera bien différente de la tienne… mais d’abord… où avez-vous trouvé ces poulets? », demanda-t-elle curieuse.

Anselme s'adressa à Margot en ces termes :
-" J'aurai préféré que vous me parliez de votre voyage et que vous me donniez des nouvelles de ma famille, mais les poulets et Dion vous semble plus important... "

Il fit une petite moue et reprit.
-" Les poulets sont des poules qui nous pondent de jolis œufs. Elles proviennent d'un marchand ambulant qui campait avec sa caravane près du gué (Anselme lui explique où se trouve l'endroit par rapport à la baronnie). Nous lui avons aussi achetés quelques semences et autres objets de première nécessité.
En votre absence j'ai fais au mieux en évitant de faire de grosses dépenses. J'ai demandé à ce marchand si il repassait par ici de nous rapporter un coq pour avoir des poussins, nous pourrions ainsi avoir et des œufs et de la viande.
C'est Barbenfeu qui m'a indiqué la présence de ce marchand, il l'avait rencontré en rentrant d'une chasse, marchand qui m'a d'ailleurs apprit de bien mauvaises nouvelles qu'il tenait de ses voyages,
Vous êtes sans doute plus au courant que moi concernant ceci, peut être pourrez vous m'en dire plus."

Il se racla la gorge et continua :
-" Il y a quelques jours, lors de l'attaque par des créatures en grand nombre, les mêmes que nous avions déjà combattus ensemble à la rivière, Dion à désobéit aux ordres ce qui à obliger la baronnie à venir au contact avec l'ennemi avant d'avoir eut le temps d'utiliser la moindre arme à distance.
Certainement que des blessures auraient put être évités, néanmoins nous avons vaincus vaillamment.
Après la bataille quelques gens de la baronnie ont désirés que l'on fasse des prisonniers pour les interroger.
Je n'avais pas dans l'intention de faire de prisonnier, mais devant leurs bravoures j'ai accepté de leurs concédés ce choix, Dion n'a pas trouvé plus sot que de tuer les prisonniers devant nous a cause de mes reproches concernant sa désobéissance.
Devant son comportement et sa morgue envers moi, qui aurait put lui mériter le gibet en d'autres lieu je l'ai fait arrêter et fait prisonnier en l'attachant à un arbre, car nous ne disposons pas de geôle,
La nuit même par une aide interne à la baronnie, dont je tairai le nom, ces liens ont été coupés, de la nourriture et des armes ont été volées, puis il a déserté avec son complice, complice qui c'est repenti et qui a réintégré la baronnie récemment.
Nous en sommes là. "

Il allait reprendre la parole pour lui indiquer que Barbenfeu et Marion était parti en explorations pendant l'attaque, et lui dire qu'ils auraient des choses intéressantes à lui raconter, mais Anselme préféra attendre d'en finir avec cette conversation.

Julien, déçu, et sans consigne, s'assit dans un coin, commença à se curer conciencieusement le nez, pour finalement s'endormir comme une bûche. Il faut dire que les derniers jours lui avaient laissé peu de répit. D'autant qu'il s'endormit tranquille, rien de mal ne pouvait arriver, la dame était de retour.

«Merci pour la description des poulets, mais je sais déjà ce que sais… je te félicite tout de même d’avoir établi un contact avec ce marchand, ce sera utile si nous voulons que la baronnie prospère. J’ai remarqué dehors le petit abri et le poulailler qui prennent forme. Je vois que tu n’as pas chômé en mon absence!

Pour ce qui est de Dion, je te laisse jusqu’à demain pour choisir son sort et déterminer à quel point tu as été offensé. Que les dieux t’en soient témoins. J’appuierai ta décision de manière indéfectible. Nous irons ensuite, ensemble, lui annoncer ce qu’il adviendra de lui dans notre communauté.
Quant au traître de la baronnie, je ne doute pas que Julien trouvera sa place parmi nous. Il manque encore de jugement, mais il est un fier travailleur ».

Margot appela Agnès et lui demanda d’aller chercher ce qu’elle avait rapporté pour Anselme. Puis, elle se retourna vers lui : « Je comprends ton impatience et ta frustration d’avoir dû d’abord traiter de ces choses, car le Govan t’importe. Olok se porte bien et l’hospitalité du Baron fut appréciée… » Agnès revint alors avec ce que lui avait demandé Margot, dans un grand sac de toile qu’elle posa au côté de la baronne. Elle en tira un livre, vierge. Sa couverture était en cuir brun et comportait une sangle permettant de le maintenir solidement clos. La reliure était en nerf de bœuf et ses pages en vélin étaient de première qualité. Ce livre à lui seul devait bien valoir le salaire annuel de deux soldats. Elle remit aussi au fils du Govan une bague en or aux armoiries de sa famille. Celle-ci en sortit enfin une lettre qu’elle tendit au noble. La lettre portait le seau de Gwenaëlle Brelde, la mère d’Anselme.

Au fur et à mesure qu’elle lui offrait ces présents, elle narra à Anselme son voyage et son arrivée au Govan, sa rencontre avec la famille d’Helmut et avec Ambrose, le père d’Anselme. Elle lui parla longuement de son pays, qui lui manqua à ce moment plus que jamais.

Elle expliqua qu’elle avait eu vent des problèmes qui frappaient Walle et Voedfrieg. Elle savait que des réfugiés se présentaient désormais aux frontières et que Prospertown et Baxord les accueillaient. Ce « vol de serf » n’avait rien pour plaire à Voedfrieg et la situation était tendue. Les loyalistes du Govan étaient sous haute surveillance.
En ce qui les concernait de plus près, Margot avait signé le « Traité de la veuve » : pour que l’accord avec Ronce perdure, elle allait devoir porter le deuil pendant au moins deux ans, conformément aux enseignements de Séors, et ne pourrait par la suite prendre pour époux qu’un homme du Govan.

« J’ai aussi rapporté des présents pour chacun. Lorsque nous aurons fini, nous les rassemblerons à l’extérieur. », conclut-elle.

- " Je constate que taire le complice de Dion aura été vain, car vous l'avez appris par Dion lui même de ce que je déduis, de toute façon vous auriez fini par le découvrir par vous même un jour ou l'autre.
Julien est venu me trouver pour tenter de m'expliquer son égarement, que j'ai pris sur moi de lui pardonner.
Il repartait porter ma demande d'entrevue avec Dion quand vous l'avez croisé en chemin. Étant donné qu'il est revenu avec vous peu de temps après son départ j'en déduit qu'il n'a pas du avoir eut le temps de rencontrer Dion ?
Les événements de ces derniers jours on du le chambouler, Julien est jeune et je ne doutes pas de lui, souhaitons que ça lui ait servit de leçon.
Il n'est pas le seul à avoir voulut marquer son désaccord avec ma façon d'agir, les gens de basse extraction ont souvent l'habitude de s'unir lorsque l'un des leurs est punit pour ses agissement contraire à l'éthique, j'ai du prendre des mesures.
Concernant ce que je voulait dire à Dion si je lui avais parlé, il n'en sait donc rien ni personne d'autres... C'était qu'il parte au Govan prendre de vos nouvelles, car je commençais à être inquiet sur votre absence.
Je voulais faire un marché avec lui, soit il partait au Govan et revenait me donner de vos nouvelles, à partir de là il aurait attendu hors de la baronnie votre retour pour que vous statuée sur son destin.
Soit il refusait cette main tendue et alors je lui donnait 4 jours pour quitter le région.
Mais maintenant que vous êtes là, ça change tout, il n'y a plus de marché, qui n'a d'ailleurs jamais eut lieu.
Bien ceci étant dit, et la nuit portant conseil, je vous dirai donc quelle est ma décision au matin, mais pour le moment ce perturbateur à tenu plus qu'assez le dessus du panier de notre conversation. "
Il fit passer ses mains devant lui pour signifier * stop- ras le bol- ça suffit... * concernant ce sujet.

A ce moment là Agnès revint avec un grand sac de toile, il lui demanda par politesse brièvement de ses nouvelles, car il était fort occupé avec la baronne et il avait hâte de voir ce que contenait ce sac ?

Anselme fut comblé de joie quand il vit les présents rapportés là par Margot, il examina avec minutie le livre vierge qui lui semblait un bel ouvrage, il passa la bague à un doigt et l'admira puis il mit la lettre dans sa chemise, il avait hâte de la lire mais il attendrait d'être seul pour le faire.
Il remercia Margot de lui avoir rapporté ces présents, non sans lui avoir demandé qui avait eut la bonne idée de lui faire rapporter ce livre, sa mère sans doute ?
Il se rassura en sachant que sa famille se portait bien, et remercia Margot et les dieux pour ces bonnes nouvelles.
Concernant les mauvaises nouvelles, il lui confia que ce vol de serf ne lui disait rien qui vaille et qu' il fallait se méfier des Loyalistes maintenant plus que jamais.
Après avoir écouté et répondu à Dame Margot, Anselme termina en lui disant:
-" Si nous n'avons rien à ajouter pour l'instant, allons voir les gens de la baronnie, ils ont hâte de vous voir et de vous parler, vous leur avez manqué, et si en plus vous les gâtés... vous allez nous les pourrir." Ajouta t'il en souriant.

Margot répondit d'un sourire puis demanda à ce que Lhassa les serve à l'extérieur, auprès du feu de camp. Elle invita ceux qui le désiraient à se joindre à eux.

*Lhassa fila préparer ses plats en cuisine puis s'activa au service, profitant de ce que Méliore avait la tête ailleurs pour préparer un bon repas*

[Fait moi un jet de cuisine!]

(Y en a qui cherche vraiment à se prendre un catalogue ikea dans la gueule...)

(XD Cox)

jet de cuisine: 13+7=20

Le repas de Lhassa fut remarquable. Il y avait un bon moment qu’il n’avait pas goûté aussi bon… qu’il n’avait pas goûté tout court en fait. Pour une fois, le pain n’était pas brûlé et plat. Il avait gonflé, comme si Lhassa venait de découvrir la levure, et sa croûte était dorée et odorante. Il en allait de même pour les poissons et les œufs. Tous se délectèrent et Margot félicita la jeune azalaise pour son repas exquis.

Margot avait rapporté plusieurs choses de son voyage au Govan. Pour la plus grande part, c’était des biens communs. Après le repas, elle réunit donc les colons et en dressa l’inventaire. Elle avait rapporté un étui à parchemin, dans lequel ils allaient pouvoir conserver les documents importants. Certaines choses allaient servir à tous. C’était le cas de 6 couvertures de laine. Celles-ci étaient si grandes que trois personnes pouvaient se couvrir sous une seule. Elle avait aussi rapporté de quoi manger et changer un peu de l’ordinaire : des noix, des raisins secs, de la viande séchée et des fromages (pour un total de 5 bouffes), auxquels s’ajoutait un sac de graines de tournesol (1 céréale) dont ils allaient pouvoir se servir pour semer un petit champ, voire même une simple portion de terre non labourée : ces fleurs poussaient n’importe où de toute manière, on aurait dit de mauvaises herbes. Elle avait enfin rapporté un grand chaudron, qui allait grandement faciliter la vie de Lhassa : elle n’aurait pas à faire cuire en plusieurs temps les repas de tous. Enfin, elle avait rapporté un tonnelet de vin rouge du Domaine de la Crique de Galaric, qui allait pouvoir servir à célébrer lors des grandes occasions.

Elle avait rapporté quelques objets du Govan qu’elle désirait aussi offrir à titre plus personnel. Ce n’était pas de grandes richesses, mais de simples petits cadeaux qui allaient agrémenter leur ordinaire. Il y avait là un bandeau filé d’or, symbole de Ménoren, qui pouvait être porté dans les cheveux ou sur les yeux (c’était l’usage qu’en faisaient les prêtres lors de leurs méditations). Margot l’offrit à Lucindiel. À Marion, elle donna un foulard brodé d’un tissu léger et très doux, de la soie. On pouvait en apprécier le tissage très fin. Margot avait aussi rapporté une flûte de chêne dont le son était vif et clair, qu’elle remit à Lhassa. Dans le tas, on pouvait aussi distinguer deux jolies dagues ouvragées. Elle en offrit une à Isen et glissa celle destinée à Dion à sa propre ceinture.

Il y avait enfin des vêtements : trois lourdes capes de laine ainsi qu’une ceinture avec de petites poches dans lesquelles on pouvait mettre de menus objets ou des herbes trouvées sur sa route. Elle distribua les capes à Masklynn, Éderic et Méliore, et la ceinture à Barbenfeu.

Enfin, Margot sortit un tissu de jute qu’elle déroula, révélant un fourreau de bois recouvert de lanière de cuir contenant une longue épée. Celle-ci était rudimentaire et ne présentait pas de fioriture, mais elle s’aurait faire son œuvre en cas de besoin. Elle se tourna alors vers Julien et lui tendit l’arme en lui murmurant: « puisses-tu faire honneur à cette arme, en te rappelant qu’elle est le symbole de l’union entre Ronce et le Govan. »

Julien savait s'emerveiller de tout et il en était d'habitude heureux. Mais faire à la suite deux bons repas, voir tant de trésors, et enfin, comble de ses rêves, se faire offrir une vraie épée par la dame elle-même, c'était presque trop. Mais ce cadeau n'était pas sans engagement et Julien en avait déjà prit un, d'engagement. Il avait laissé son complice seul au bord d'une rivière avec seulement une promesse, et être la à profiter egoistement du l'instant lui taraudait le coeur de remord.
Le grand et fier guerrier qu'il revait d'être ne se dépetrait pas de ce grand garçon gauche qui une fois de plus rougit, renifla et bafouilla :
"C'est ben d'l'honneur, Dame, que vous m'faites la, que j'serais ben heureux d'en être digne, mais j'peux pô être faux avec vous. J'm'a escusé à Messire Anselme, mais faut que j'dise que c'est moi qu'à parti et c'est Dion qu'a suivit, que c'est moi qu'à coupé les cordes, que j'ai promis à Dion de parler pour lui et de lui amener une réponse. Que je s'rais pas digne de c't'épée si j'reviendais sur ma parole donnée à Dion pasque ça veut dire que ma parole donnée à vous, elle vaudrait rien. Et ça j'veux pô. Non, j'veux pô. J'voudrais finir ma mission, j'voudrais que tout y soye réglé, pour être sur d'être digne d'vot cadeau et de ma place parmi vous. Que j'ai tellement mangé que je roulerais plus vers le gué que je marcherais, mais laissez moi aller porter un message à Dion. Sivouplé."

Julien baissa les yeux, fixant ses pieds, attendant que le ciel lui tombe sur la tête.

Marion s'inclina devant Margot pour la remercier.
elle avait rarement reçu de cadeau quand elle était chez elle. (Sauf à la fête de l'hiver, ou son père avait l'habitude de lui offrir une tunique neuve ou une paire de chausses ayant déjà appartenues à une sœur ou une cousine mais qu'il avait soigneusement fait réparer.)
Elle resta un moment à observer la qualité et la finesse du tissage avant de se draper les épaules et le cou comme elle imaginait que le faisaient les grandes dames.
Avec sa dégaine un peu molle et fluette de jeune fille qui a grandit trop vite elle avait l'air un peu ridicule.
Puis elle écouta julien parler et lui adressa un sourire encourageant quand il eut fini.

*Lhassa baissant la tête s'approche derrière Julien lui posant les mains sur les épaules, puis s'adresse à la dame relevant briévement les yeux*

"Je ne sais si je mérite votre riche présent honorée Dame car moi aussi j'aurais volontiers libéré le jeune guerrier blessé, je n'aurais pas eu le coeur à le laisser au dehors seul attaché à un arbre dans son état.

Julien m'a seulement devancée et je n'en ai pas eu l'occasion.

Je...je comprends qu'il faut obéïr, mais ca ne semblait pas juste."

*rebaisse le nez se tenant solidaire de Julien*

« Justice… », dit Margot dubitative. Elle prit quelques secondes de réflexion. « Vous devriez laisser cette charge aux Dieux… Je ne vous jugerai pas pour le moment, à moins que Majestar ne me fasse signe, car nous avons déjà un cas à régler. Soyons plutôt heureux que tous soient encore vivants en ce jour ».

Elle sourit à Marion lorsqu’elle la vit avec le foulard.

« Pour ce qui est de ta promesse Julien, je t’accorde que tu dois la tenir, mais je ne te laisserai pas y aller seul. Tu nous accompagneras jusqu’au gué lorsque Sire Anselme aura rendu sa décision. »