Tour 3.3.1 - Printemps 867 : Vers la dame de pierre

Au fur et à mesure que Barbenfeu contait, Marion pensa tout d'abord à Lorne, le voyageur qui s'était arrêté à la baronnie...Mais elle ne préférait pas imaginer la suite.
Elle regarda la statue.
<<Chaque centenaires tu dis? Et depuis quand celle ci est-elle ici? A-t-il dévoré d'autres jeunes femmes depuis ou cela fait-il seulement, mais justement 100 ans?>>

Barbenfeu taquina un peu Marion, mais il n'était pas rassuré malgré tout.
-" C'est pas un dragon qui va te faire peur quand même petite ! "
(je laisse Marion caser une réponse si elle veut, sinon je sais quoi dire ensuite)

Marion lança un regard à Barbenfeu qui disait qu'elle ne trouvait pas que sa blague était drôle. Pas du tout....

Alors que Marion, les vêtements encore trempés, réfléchissait penaude à une réponse intelligente à cette question, le vent leur porta un murmure guttural : « vient, tu es au but, tu sauras désormais ». Barbenfeu et Marion se regardèrent un moment sans trop savoir. Cette histoire de dragon n’avait rien pour les rassurer. Alors que lentement le soleil plongeait derrière les montagnes, ils hésitèrent…

Un peu trop au goût de la voix qui, cette fois cristalline et enfantine, ajouta « Allez par tous les dieux, j’ai pas que ça à faire ! »

(Je vais répondre, mais avec les préparatifs hier et aujourd'hui et la fête de noël ce week-end...Pas trop le temps, mais dès lundi, je m'y mets!)

Idem!
Alors prends ton temps, c'est les vacances!

Marion regarda Barbenfeu.
<<J'avoue que...je n'ai jamais vraiment su pourquoi il fallait que je vienne ici. Mais ce dont je suis sûre c'est qu'il faut que je le fasse. Quelque chose de fort me pousse à le faire...>> Elle baissa les yeux un peu honteuse de ne pas savoir donner une vraie réponse au nain, elle se doutait qu'il était contrarié d'avancer sans but précisément défini. Elle même d'ailleurs, ça l'ennuyait de ne pas comprendre ce qui la guidait là.

<<Mais si nous avançons, nous saurons...>> Souffla Marion d'un ton mystérieux mais convainquant.

- " Avançons nous Sauron (^^) " dit pour reprendre la nain... ça pour sur ! Mais si c'est une manigance de dragon nous ne le saurons que trop tard ! "
Mais le ton convainquant, l'aura de la demoiselle... cette aventure, fit céder Barbenfeu.
Ils étaient partis depuis un bon moment, il en avait oublier la notion du temps et des jours.
" Bah Rom Freidher ! Si c'est un dragon ou un quelconque maléfice je lui ferai voir ce que Barbenfeu veut dire ! Mais promet moi de filer à toutes jambes sans te retournée si ça tourne mal, d'accord ? "

Marion se contenta acquiescer.
La mise en garde de Barbenfeu lui faisait prendre conscience du danger de l'inconnu qui s'ouvrait devant eux et elle préféra se taire pour ne pas tenter Machanas et pour ne pas ceder à ses propres peurs.
Mentalement, elle s’adressa à Tintagel et à Ménoren leur demandant de les protèger.
Puis elle avança dans la direction d'où venait la voix...

Ils suivirent le petit sentier au bord de la falaise jusqu’au surplomb où se trouvait la « dame de pierre ».
« Eh ben… c’est pas trop tôt… ». Le nain et la jeune fille écarquillèrent les yeux. La roche parlait ! C’est du moins l’impression qu’ils eurent avant que n’émerge de derrière la grande pierre une petite silhouette humanoïde. Elle devait faire tout au plus une soixantaine de centimètre et se déplaçait de manière gracile. Ses traits étaient à mi-chemin entre ceux des elfes et ceux des hommes. Elle était affublée de large oreille et portait une veste de cuir de couleur verte.



« Tu sais depuis quand je t’attends ici jeune Marion ? On a le temps, mais quand même… » Les voyant surpris, la créature reprit : « euh… mmm… oui… j’en oublie les présentations… moi c’est Jaffe [prononcez I-aff-e]. Je suis… comment dire… ton guide attitré » lança-t-elle en roulant les yeux au ciel pour démontrer une certaine déception.

(joli dessin encore une fois^^)
[Je fais un jet de perception pour sonder le personnage, voir ce que Barbenfeu peut détecter en lui.
Perception : 9 + 3 (sag) = 12 ]

(Je répondrai l'année prochaine!)

Barbenfeu observa la petite créature. À part le fait qu’il n’avait jamais vu de créature de cette race et qu’elle semblait plus près d’un elfe que d’un nain malgré sa taille, Jaffe ne présentait pas de traits remarquables. Il semblait calme, mais un peu déçu. Chose certaine, en dépit de son apparence juvénile, il devait avoir tout de même un certain âge, à en juger par les discrètes pattes d’oies aux coins de ses yeux.

<<Mon guide? demanda Marion plus qu'étonnée. Je... heu...Oui....Mais heeeuuu....?>>

Barbenfeu, bien qu'il n'eut décelé aucune malignité apparente dans cet individu, était toujours hésitant envers celui ci.
Voyant Marion dans l'embarras il tenta d'amorcer une conversation en vue de décontracter la jeune fille en demandant à Jaffe:
- " Et si tu lui expliquait qui tu es, pourquoi tu l'attends depuis si longtemps et ce que tu lui veux exactement, hum ! Ce serait la moindre des politesses. "
Puis il prit Marion sous un bras et la fit reculer d'un pas, Barbenfeu se mettant en "obstacle " entre les deux.
(Barbenfeu n'est pas juste devant Marion bien sur, de toute façon elle est plus grande que lui!
Barbenfeu se positionne légèrement sur le coté devant Marion, près à se mettre en en opposition au cas où ?)

« Ha, ha, ha ! », ricana Jaffe. « Je vois que tes oreilles ne sont pas sensibles à mes paroles petit homme… barbu… et roux, oui, roux. Mais je veux bien me répéter une fois. Mais d’abord… Thral Ithra Eowe », dit-il en claquant des doigts. Les vêtements de Marion et de Barbenfeu, encore humides, s’asséchèrent instantanément.

Profitant de l’effet de surprise, il poursuivit avant que le nain et la jeune femme n’aient pu en placer une. « Qui suis-je? Jaffe, cela te suffit pour le moment… il ne faudrait pas non plus gâcher le plaisir de la découverte! » La créature grimpa tout en haut de la dame de pierre et s’y accroupit tel un félin. « Quant à savoir pourquoi je l’attends, Marion bien qu’encore un peu embrouillée, saurait sans doute te répondre. Elle le pressent du moins, depuis que l’esprit d’un dragon l’a contactée… Je suis envoyé par les anciens de la forêt de Findur pour l’aider à déterminer quel est celui qui l’a choisie et pour la guider sur sa voie. »

Jaffe attendit quelques secondes que l’information, qu’il savait étonnante, soit assimilée. Il regardait la jeune femme dans les yeux en attendant d’y lire l’étincelle qui lui confirmerait qu’elle avait compris. Il ajouta, les yeux pétillants de satisfaction : « le voyage sera long, mais tu auras toute une vie pour le compléter… je ne suis ici, pour le moment, que pour t’aider à franchir la première porte. » À l’horizon, Drom achevait sa course et la vallée rougeoyait désormais.

<<Déterminer celui qui m'a choisie?...>>

Même si pour elle maintenant tout s'éclaicissait, les rêves, le feu animé, les voix qui la guidaient... Elle préférait encore douter, ne serait ce que pour réaliser pleinement les révélations de Jaffe et se projeter dans l'avenir.

Un sourire en coin apparut sur le visage de Jaffe lorsqu’il constata que la jeune fille avait compris. Il se redressa sur la dame de pierre et se mit debout, joignant les paumes devant lui. « Lorsque tu seras prête, mets ta main sur la Dame de pierre », dit-il sur un ton solennel qui contrastait étrangement avec son apparente frivolité.

Il aurait fallut des heures à Marion pour décider si elle était prête ou pas, mais elle était curieuse.
Elle jeta un regard à Barbenfeu, ne sachant que lui dire. <<Merci? Désolée?>> Elle ne savait pas quoi dire dans ces circonstances, ne sachant absolument pas de quoi serait fait la suite.
Puis elle jeta un regard, avec une pointe d’inquiétude à Jaffre avant de lui sourire franchement et d'avancer vers la pierre la main en avant.
Le contact se fit.

Jaffe ferma les yeux. Ses cheveux s’animèrent, comme portés par un vent ascendant. Une étrange lueur enveloppa Marion, la Dame et Jaffe. Barbenfeu contemplait la scène, inquiet, et ne put résister à l’envie d’empoigner nerveusement le manche de sa hache [je sens déjà venir les commentaires sur cette phrase… remarquez que je n’ai au moins pas dit « d’empoigner son manche »].

Marion sentit qu’elle s’élevait. Ce n’était pas son corps cependant qui se mouvait, mais une partie d’elle uniquement. Elle se sentait beaucoup plus vaste, comme si elle embrassait le monde. Elle fut d’abord le vent. Elle plana au-dessus de la vallée, accompagnant les oiseaux qui revenaient de leur migration. Le long de la falaise, elle plongea vers le sol et fit frémir les faîtes, soulevant aussi quelques nuages de poussière lorsqu’elle effleura le sol. Elle devint ensuite cette poussière et, retombant sans douleur, rejoignit la terre. Là elle se sentit être tout simplement, impassible, immuable. Elle abritait les animaux en son sein et sur son dos. Les arbres étaient pour elle un fin duvet que caressait le vent. Elle ressentit enfin l’eau qui ruisselait en elle comme le sang dans ses veines. Elle en prit la forme et infiltra la terre. Elle s’y glissa sans peine jusqu’à atteindre une rivière tumultueuse aux multiples cascades. Elle y croisa des poissons qui frayaient en eau peu profonde et contourna les pattes d’un grand héron qui venait s’en nourrir. Elle polit les cailloux qui se trouvaient en son lit et arrondit les pierres qu’elle immergeait au passage.

Puis, tout devint noir. Il y eut un bruit, celui d’un souffle rythmé comme les battements d’un cœur. Le souffle devint chaud, igné. Le souffle ralentit pour ne devenir qu’une inspiration. Le feu traversa tout son corps, entrant en elle par ses oreilles, son nez, ses yeux, son sexe*, les pores de sa peau même. Le souffle enflammé se logea tout en son cœur.

Marion, tous ses sens en alerte, sentit le monde s’offrir à elle. Elle sentit d’abord le contact de sa main sur la pierre froide, puis le vent printanier sur son cou. Elle entendit les chants des oiseaux et le bruissement des herbes. L’odeur de l’humus lui parvint, à laquelle se mêlaient les effluves de conifère et de fleurs qui poussaient dans la vallée en contrebas. Elle vit enfin sa main toujours appuyée sur la Dame de pierre. Dans sa bouche persistait un goût de soufre. Marion savait maintenant qu’elle avait une âme et que celle-ci était irrémédiablement liée au feu originel. Elle retira sa main de la pierre. Et la lueur qui l’enveloppait s’estompa.

« C’est tout? », demanda Barbenfeu vachement déçu. Il n’avait pas même eu le temps de s’impatienter puisque Marion n’avait posé sa main sur la Dame qu’une ou deux seconde au mieux. Jaffe entrouvrit les yeux et sourit. Marion expira. Son souffle était étrangement chaud. Une voix intérieure lui souffla les mots qu’elle répéta mécaniquement en expirant : « Inda wal eowe ».

Barbenfeu inclina la tête perplexe… Une étincelle venait de surgir au pied de Marion. L’étincelle devint flamme, puis pris la forme d’une créature serpentine, une salamandre, mais beaucoup plus grosse : elle devait faire près de cinquante centimètres. Barbenfeu sortit sa hache, mais la créature de feu ne bougeant pas, il se refusa à intervenir.

« À la bonne heure! », s’exclama Jaffe. « Nous savons maintenant quel sera ton totem… »

* Ok, ce n’est pas uniquement parce que je suis pervers que je fais mention ici de son sexe, mais bien parce que la théorie du souffle igné des Stoïciens (le pneuma) concevait huit « parties » soit l’odorat, le toucher, le goûter, l’ouïe, la vue, la voix (la tête), les parties génitales et la partie hégémonique (l’hêgemonikon) qui englobe tous les autres (assimilée le plus souvent au cœur). Nous percevons (ou subissons) le monde lorsque le souffle entre en nous et agissons sur le monde lorsque le souffle sort de nous.

Marion regarda d'abord Barbenfeu puis Jaffe d'un air interrogateur. Avaient-ils vu tout ce qu'elle venait d'accomplir? L'avaient-ils vue voler, se mêler aux éléments? L'avaient-ils entendue prononcer les mots du feu? Ses sensations et les mots étaient encrés tellement profondément en elle qu'elle n'était pas sûre que les autres aient pu les percevoir.
Elle n'avait pas l'impression "d'avoir agit", mais plutôt elle avait l'impression "d'avoir été".
Elle observa la créature de flamme devant elle. Elle lui semblait amicale. Non, plus que cela. Bien plus que cela. Elle lui semblait être une part d'elle.

Le feu l'avait toujours fascinée, elle avait été très fière d'en être la gardienne au sein de la baronnie.
Mais à présent, c'était bien plus fort qu'une attirance ou qu'une fascination. Elle sentait le feu en elle. Elle en percevait la force, la chaleur.
Et bien que cette impression soit inconnue et très étrange, elle en ressentait un bien être inexplicable.

Elle avança doucement la main vers la créature faite de flammes. Le feu venait de l'envahir, il lui paraissait improbable qu'elle puisse se brûler.

Marion sentit la chaleur de la créature. Au moment de la toucher, cette dernière s’esquiva, comme pour protéger la jeune fille. Jaffe prit la parole : « Je comprends ce que tu veux faire, mais abstiens t’en pour le moment. Tu es tout à la fois proche et loin de ton élément… Il te reste encore des choses à découvrir Marion, ne saute pas les étapes! »

Marion était fascinée. Au point qu'elle en oublia la présence de Barbenfeu et de Jaffe et qu'elle se contentait de sourire niaisement à la créature de flamme.
Ses rêves des dernières semaines et les événements qu'elle avait vécu (ou qui lui paraissaient avoir été vécus, elle ne savait plus trop) se tournaient et se retournaient dans sa tête. Elle essayait de comprendre mais tout était encore bien trop flou.

Jaffe leva la tête et renifla l’air. Il prit un air sombre : « Il va vous falloir rentrer maintenant. Soyez prudent, je sens les Discordes de Barchézok qui rôdent. Nous nous reverrons jeune Marion… rends-toi à l’orée de la forêt de Findur au solstice de Puros. Tu y trouveras les pierres en forme de crocs. Je t’y rejoindrai et nous poursuivrons ta formation! » Jaffe sourit en inclinant la tête, puis se volatilisa.

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