3.3.4 - Printemps 867 : Les déserteurs

Il s'approcha de Lucindel en silence mais fit "psssst" pour attirer discretement son attention et ne pas trop l'effrayer.
Alors qu'elle se retournait, il crut bon d'ajouter "chuuuut". Puis dans un souffle :"faut soigner Dion, pour que lui et moi on aille chercher la Dame, dis, tu veux bien ? Je sais que t'as fait un miracle avec moi, regarde, j'ai plus rien. Tu peux faire pareil pour lui ?".

Il reprit son souffle après cette longue tirade et regarda febrilement autour de lui pour s'asurer qu'Isen n'avait pas donné l'alerte.

Lucindiel parut d’abord surprise. Elle n’était pas sûre d’avoir tout compris, car le garçon parlait très vite et qu’elle ne maîtrisait pas encore très bien l’Astrien du Nord. Elle chercha ses mots un moment puis répondit avec un air désolé : « je pas pouvoir partir feu sacré… Dion doit venir, j’aiderai ».

"Cette nuit alors, tu peux venir pres de... pres de ...." Julien reflechit à un endroit pres du camp ou aucune patrouille ne le trouverait et pas trop loin de la tente.

Le long de la rivière semblait être un lieu relativement sûr. La grande pierre, là où Anselme allait réfléchir, offrirait un certain abri, qu’elle ironie, et il allait être facile pour Dion et Julien de contourner la baronnie jusqu’à la rivière de leur position actuelle. « Près de la grande pierre!», conclut Julien. Lucindiel réfléchit un moment et hocha la tête, consciente que le jeune était pressé.

"On fait ça alors, milieu de la nuit, dac ?"

L’elfe acquiesça. Elle tendit à Julien une petite pochette qui contenait des herbes. « En attendant… sur la plaie », fit-elle en mimant de se frotter le bras. Puis elle tourna les talons pour reprendre sa besogne. Elle disparut dans la tente.

Bon, jusque la, tout allait bien. Autant deguerpir au plus vite et surtout ne pas se faire choper. Pourvu qu'Isen ne dise rien !

Julien revint là où il avait laissé Dion. Il trouva celui-ci assoupi. Dion avait, tant bien que mal, changé ses pansements… À en juger par le résultat, ça ne devait pas être facile avec une épaule blessée. Aussi, avec sa chemise déchirée, le Govanien ressemblait de plus en plus à un prisonnier ou, en tout cas, à l’idée que s’en faisait Julien.

Ils avaient encore le temps avant de se mettre en route. Julien installa son slimgoth et laissa Dion dormir. Il calcula le temps qu'il leur faudrait pour se restaurer, soigner le blessé comme possible, rassembler leurs affaires et refaire la route.

Le sommeil de Dion est agité. Il repense à sa dispute avec Anselme et ne regrette rien. Parfois il grimace inconsciemment quand sa blessure le lance.

Julien demeurait aux aguets, car il n’était qu’à une demi-heure de route de la baronnie. Il avait au moins dix heures à tuer avant que le soleil ne se couche. La journée d’attente allait être angoissante… ce n’était qu’une journée, mais c’était bien la première fois que Julien avait autant de temps devant lui.

Pas question de dormir tous les deux en même temps. Pourtant, il faudrait bien qu'il puisse faire un petit somme. En attendant le reveil de Dion, Julien decida de fureter discretement dans les environs immediats.

Julien se promena dans le petit boisé. C’était un lieu agréable… il l’aurait été en tout cas s’il n’avait pas eu tous ces soucis. Le sous-bois était giboyeux et Julien, qui n’était pas un expert en ces matières, avait même repéré des pistes de lièvres et d’un habbibit. Un peu au nord du boisé se trouvait une petite colline, une centaine de mètres de dénivelé tout au plus. Julien y grimpa en moins d’une heure.

Le temps était doux et le vent frais soufflait tout autant les brins d’herbe que la tignasse en bataille du jeune garçon. Au sommet, il put apercevoir la vallée dans laquelle se trouvait la baronnie. Le ciel était si clair que Julien put même deviner la silhouette du plateau nu que longeait la rivière. Le caractère stratégique dominant de l’endroit frappa l’esprit de Julien, qui se voyait déjà occupant la tour de guet qu’il se serait construite sur cette colline, sur la grande assise de roc qui se trouvait sous ses pieds. Il resta là près d’une heure à imaginer l’ennemi qui gravissait les flancs de sa montagne, la charge montée de ses frères qui dévalaient la pente à l’assaut de la masse grouillante de créatures et la lame de son épée qui assénait au géant le coup fatal qui ferait de lui le grand héros, celui qui aurait la part du lion au banquet des vainqueurs… banquet…

La faim le tira de ses glorieuses pensées et il rebroussa chemin pour retrouver Dion. À son retour, ce dernier était éveillé.

Julien fit donc un bref résumé des evenements à Dion. Il lui montra le petit sachet d'herbes confié par Lucindel et proposa ses services pour refaire les pansements. Etant constamment interrompu par les gargouillis de son propre estomac, il evoqua également la possibilité de se faire un petit casse-croute.
Une fois cet interminable discours achevé, il reprit son souffle et guetta la réaction de son compagnon d'infortune.

Bravo Julien pour avoir réussi à trouver Lucindel sans te faire remarquer. *Dion affiche un grand sourire*

Quand au casse croute, oui! mangeons un peu.

Tu me dis avoir exploré le terrain et cela semble un endroit prometteur. Après avoir pansé comme nous pourrons mes plaies je vais y faire aussi un tour. Si tu as besoin, profites en pour dormir. Je pense que tu n'a pas dû trop te ménager. Sinon nous pourrons avancer un peu et tu m'expliquera ce que tu penses de boisé. De toute façon il faut bouger rester ici ne ressemble a rien.

*Dion se redresse après qu'ils aient tenté tant bien que mal de panser ses plaies. Ils farfouillent dans leurs provisions et mangent un repas frugal. Dion regarde le ciel au travers des frondaisons, le temps semble au beau. Il soupire, rassemble ses affaires et regarde Julien*

Tu as beaucoup plus de ressources que l'Anselme ne le croit. Continue sur cette voie et tu iras loin bien plus que moi. Tu vas devoir jouer encore un moment le rôle d'éclaireur et moi celui de trainard. L'éclaireur prend les risque le trainard que je vais être va prendre l'intendance en charge. Sauf si tu y vois une objection. Pas question que je décide seul des choses a faire. Ta vision vaut la mienne.

"On peut rien decider sans savoir comment tu iras demain. Moi je voulais aller chercher la dame" Julien prit un air de gamin boudeur, qui se transforma en tristesse manifeste : "Toute façon, j'ai pas d'autre chez moi qu'à not' village."

Le chez toi est là ou tu le décide, là ou tu te trouves. Il y a des chez toi qui sont heureux d'autre que tu subit. Alors ici ou au camp ça ne change pas grand chose. De toute façon il faut prendre la direction empruntée par Dame Margot. Avec un peu de chance nous la retrouverons en chemin car cela fait un bon moment qu'elle est partie.

Pourquoi attendre demain? Si je ne vais pas bien demain devrons nous encore attendre? Non je propose de partir, que Machanas m'oublie, et de faire avec ce que le Menoren nous réserve.

Julien renifla deux trois fois, passa sa manche sur sa figure, et garda son air tristouille tout en sortant du sac de quoi manger.

Après le repas, Julien aida Dion à refaire ses pansements. Sans être trop certain, il y inclut tout de même les herbes que lui avait laissées Lucindiel. La douleur était toujours présente, mais les plaies étaient propres. Il restait donc à se croiser les doigts en espérant que ni Machanas ni Séors n’ait de plan pour Dion.

Ils discutèrent de longues heures et envisagèrent plusieurs alternatives. Fallait-il aller rejoindre Dame Margot? La route n’était pas tracée et le risque de se croiser sans se voir était grand. Le seul lieu de passage obligé était le gué. Fallait-il s’y rendre et y rester? Ce choix n’avait pas que des avantages… il y avait bien sûr les slimgoths, mais Dion et Julien allaient être isolés. Et la sédentarité n’était peut-être pas leur meilleure option : pour le moment, ils avaient de la nourriture, mais ni l’un ni l’autre n’était de grand chasseur. Tôt ou tard, ils allaient devoir « survivre ». Il valait peut-être mieux être rendu dans un endroit « civilisé » à ce moment-là.

Temps s’écoula et Drom descendait maintenant sur l’horizon. Il allait être temps de déplacer Dion vers le camp. Ils convinrent de rejoindre la rivière et de suivre sa berge jusqu’à la grande pierre.

[Que Dion fasse un jet de « Constitution » et Julien un jet de « premiers soins(sagesse) ». Vous pourrez ensuite tous deux lancer un jet de discrétion(dex)]

Constitution D20=10+2
Discrétion D20=15+3

sag : 20+1=21

dex : 10+1=11

L’effort pour se rendre à la pierre fut intense, mais pas suffisamment pour empirer les blessures de Dion : Les pansements de Julien avait été bien faits et Dion en ressentait un certain soulagement. La nuit était claire et le croissant d’Inga qui allait atteindre sa plénitude au solstice de Puros perçait les ténèbres de la nuit. Ils se rendirent jusqu’à la pierre et attendirent Lucindiel. L’elfe ne tarda pas à les rejoindre et salua Julien en levant la main.

*Dion souffle un peu appuyé sur la pierre*
Merci Lucindel d'être venue sans avoir alerté l'Anselme. Tu prends un risque et je t'en remercie doublement. Julien m'offre tout ce qui lui est possible et nous montre son courage dans l'aide qu'il m'apporte. Quand a toi merci encore pour les herbes que tu lui as transmise. Grâce à elle au moins, ma blessure n'empire pas, je dirais même qu'elle se cicatrise. Il faudra encore du temps avant que je puisse me servir complètement de mon bras mais cela progresse.

*Dion bouge son bras et grimace un peu sous la douleur*

"Pas encore aujourd'hui que j'irai abattre un arbre!" Dit-il dans un sourire.
JE ne t'imposerai pas de voir la situation de mon point de vue. Libre a toi de repartir si tu le souhaite. Ton aide m'est précieuse mais .... Enfin tu comprend je pense ce que tu risque si tu m'aide. Sache a tout le moins que Julien agit de son propre chef sans que je l'oblige a quoi que ce soit.

Voudrais tu bien regarder ma blessure et faire ce qu'il t'est possible pour me soulager?

"Woué c'est vrai, c'est moi qu'a libéré Dion et qu'a parti en premier. J'étais trop faché." julien baissa le nez piteusement.

« Je suis ici parce que Ménoren, ma guide me protège… », répondit l’elfe avec une certaine frustration. Elle s’était bien préparée pour la cérémonie et avait pu s’exprimer presque comme elle le souhaitait. Mais lorsqu’elle n’était pas préparée, elle avait bien du mal à se faire comprendre. Elle haussa les épaules et défit le pansement. Elle posa sa main sur l’épaule de Dion. Celui-ci ressentit une chaleur. La plaie se cicatrisa, mais Dion sentait toujours la douleur [il récupère 4 points de vie, pour un total de 6].

« Govanien, la déesse pas entièrement te guérit. Tu devoirs voir le signe et tenir compte », ajouta-t-elle en inclinant la tête.