3.3.6 - Printemps 867 : L'exil

Merci Arnold de votre hospitalité.

Mon compagnon et moi avons bien besoin d'une halte avec un bon feu. Ces landes sont un peu désertiques et surtout, comme vous l'avez dit, guère hospitalière. Il règne par endroit des bandes de monstres vêtu de culottes de pailles et d'herbes. ceux ci sont un vrai plaie et vous attaque à vue. Un peu plus loin à l'ouest, nous avons traversé un champ de fraises tout à fait délicieuses. Mais encore plus loin se trouve une forêt quine semble guère accueillante.

Une nouvelle baronnie c'est crée par delà la rivière dont nous fûmes exclus pour le moins. Un désaccord avec un nobliau sans cervelle croyant tout savoir voila notre infortune. La dame baronne qui dirige cet embryon de colonie se devait de prendre la défense de cet avorton.

Nous avons donc décidé de partir plutôt que, dans mon cas, devenir prisonnier de cet individu.

Mais vous même disiez fuir les loyalistes qui donc sont-ils?

Arnold répondit d’un ton amer : « Les loyalistes ? Ce sont des adorateurs de Sélik, la dame de loi… ils sont généralement peu nombreux… Mais là, ils ont tapé dans le mille. Solice, la fille de Ernst de Walle s’est acoquinée avec eux et ensemble, ils ont pris le contrôle de Walle, la porte des Marches du Nord. Les loyalistes ont décidé de nous « mettre au pas »… Ils ont choisi de tout régir, tout ! Pas moyen de pisser dans une ruelle sans risquer de la perdre au fil d’un couteau…

Ceux qui ont eu de la chance, comme nous, sont parvenus à fuir. Les autres sont là-bas, à marcher droit en espérant ne pas tomber sur les miliciens du nouvel ordre… Ces gars ne sont pas des tendres. Votre noble, là, vous avez de la veine que ce soit un avorton !»

Pendant qu’Arnold parlait, Leonard, un homme dans la trentaine aux cheveux blonds comme le blé attisait le feu. Pendant ce temps, le vieux Sigmund à la barbe blanche préparait une soupe d’ortie. Parmi le groupe se trouvaient aussi les deux frères jumeaux, Hans et Geoff, qui devaient être au début de la vingtaine et leur père Emil, qui avait une quarantaine d’années, le visage émacié et un physique nerveux.

Dion et Julien s’intégrèrent au groupe durant les jours qui suivirent. Ce fut fait de manière bien informelle : ils étaient bienvenus, voilà tout. Dion comprit rapidement que Arnold et sa troupe ne savaient plus trop où il allait se rendre ensuite, ni même s’il allait se déplacer à nouveau… Le temps semblait figé, chacun ayant laissé derrière lui une vie qu’il ne se sentait plus la force de subir. Ils étaient tous unis par une terre d’exil.

[Vous devez maintenant déterminer quelles seront vos actions pour les quinze derniers jours de la saison, sachant que vous avez tout juste de quoi survivre pour cette saison et pas de réserve ]

Dion méditait sur le sort qui les attendait. Attendre avec Arnold et ses compagnons ne semblait pas être une perspective alléchante. Mais repartir seul avec Julien ne serait pas beaucoup mieux.
Arnold ne semblait pas trop savoir que faire pour la suite. Il allait donc devoir prendre en main tout ce groupe.

Les amis, nous ne pouvons rester ici éternellement. La nourriture ne tombant pas encore du ciel, ce que l’eau va finir par faire avec abondance, nous devons trouver un endroit accueillant pour nous tous. Le retour vers notre ancienne colonie et là je parle pour Julien et moi nous est fortement déconseillé. Quand à repartir d’où vous arrivez je ne pense pas que cela soit une bonne idée. Il va donc falloir trouver un lieu pour nous !
Trouvons un endroit où nous abriter. Il ne doit pas être trop loin d’une source d’eau et la rivière serait vraiment un atout pour nous. Nous pourrions y pécher et cela assurerait déjà une partie de notre pitance.
Que savez-vous faire mes amis ? Quels sont vos métiers ?
En sachant cela nous pourrons utiliser les compétences de chacun au mieux.
Mais le plus important est de garder foi en l’avenir. Si nous n’avançons plus nous mourrons tous ici comme des animaux d’élevage que l’on ne nourrit plus. Ensemble nous pourrons accomplir des choses alors aidons nous et l’avenir nous dira si nous avons eu raison de confier nos vies à nous même.

Dion se tut l’exaltation passée.

Arnold acquiesça aux paroles du Govanien et parla, une fois de plus, au nom du groupe (dans la mesure où ceux-ci ne parlaient ni l’Astrien du Nord, ni le Nordais de l’Ouest, ce ne fut pas une grande surprise pour Dion) : « Je suis forgeron… Leonard et Sigmund était tous deux marchands lorsque nous habitions à Walle. Enfin, Emil et ses fils étaient éleveurs de Yolms.

La route a été rude et nous survivons au mieux… Nos rêves de liberté ont frappé la dure réalité… Nous espérions maintenant nous rendre jusqu’en Ronce pour y trouver un seigneur qui accepte de nous prendre à son service. Crois-tu vraiment que nous pourrions survivre par nous-mêmes? »

Le discours de Dion semblait avoir insufflé un brin d’espoir dans la troupe.

L’essentiel était de trouver une rivière, ou à tous le moins un point d’eau. L’été approchait à grands pas et l’agriculture semblait être leur meilleur choix pour survivre dans ces contrées sauvages. Dion avait convaincu Arnold de ne pas céder à la panique et de ne pas reprendre du service auprès d’un Duc ou d’un Baron.

Si le govanien commençait à comprendre ce qui s’était passé et à reprendre les rennes, Julien demeurait pour sa part refermé sur lui-même et devait compter sur les autres pour sa subsistance. Manger, se laver, se vêtir étaient autant de gestes qu’il fallait lui rappeler de poser.

Dion voulut les éloigner le plus possible de la colonie qui était en train de se former. Comme il était impossible de descendre au sud, il fit prendre tout naturellement à la troupe la route du nord. Ensemble, la troupe remonta jusqu’au doigt de Gaïa, cet immense pilier de pierre qui dominait la plaine, autour duquel des milliers d’oiseaux faisaient sans cesse la ronde. Ils marchèrent quelques jours et franchirent ensuite le mur du Nord, puis poursuivirent dans cette direction jusqu’à ce qu’ils atteignent en marche forcée la fourche de la rivière aux cascades, à l’endroit où s’y jetait la rivière du lac des Hauts fonds. C’est là qu’ils établirent le camp qui allait devenir permanent.

[Je considère que cela clot pour le moment le printemps 867 pour les déserteurs]