Tour 2.3.7 - Printemps 867: L’écho du Govan

[Sont présents : Tous à l'exception de Barbenfeu et Méliore]

Margot s’avança d’un pas et, tristement, lui répondit en sa langue : « J’ai le regret de vous annoncer que le Sire d’Olok n’est plus parmi nous, ayant connu un tragique destin. Je suis Dame Margot de Heidheld ». Le messager fut choqué de la nouvelle, mais chassa prestement toute émotion de son visage. Il tendit un parchemin scellé à Margot.
La Dame fit craquer le sceau. Elle lut le parchemin, fit la moue et le donna à Anselme. L’écriture était élégante et gracieuse :
« Je me voye grand joye d’enfin prendre nouvelles des vous. Mes espoyrs que Damechoysye vous soye agreable. En maison tout va bien. L’albert fait sa dent et la Gaïa est douceur. Nos rumeurs de Voedfrigie font croire que les loyalystes ont pouvoyr. Nous espérons que nôtres se tiendront à leurs place.
Nous empressons de savoy comment vous menez là-bas.
Avec affection,
Maeva d’Anway »
Le messager demanda s’il devait attendre une réponse. Margot lui répondit que oui, elle répondrait, « mais je répondrai en personne. Je vous accompagnerai au Govan ». Anselme terminait de lire le parchemin à ce moment et grimaça à l’annonce de Margot.

Un moment de silence s’imposa sur l’assemblée. Margot fit la moue. Ses responsabilités ne lui plaisaient guère à ce moment précis, mais elle était consciente de devoir les assumer.

« Servons cet homme et accueillons-le comme il se doit… Qu’il se repose ce soir, car nous prendrons la route demain. Agnès m’accompagnera comme doit le faire une dame de compagnie. Frédélin connaît la langue et les usages alors il nous escortera au Govan ».

Margot se tourna vers Anselme avec un sourire crispé. Elle se doutait bien que ce qu’elle allait dire ne plairait à personne [psychologie : 16], mais elle n’avait pas d’autres choix. « Sire Anselme, vous tiendrez les rênes pendant mon absence… »

Anselme s’attendait tout naturellement à cette requête.

- « Il sera fait selon vos désirs Baronne Margot de Heideld, fille de Reinhart et épouse de feu Helmut d'Olok. »

Si Anselme avait décliné l’identité complète de la baronne, c’était parce que c’était l’usage lorsque l’on parlait d’une noble en présence d’autres personnes de rang inférieur.
Anselme faisait parti du rang un poil en dessous, car il n’était ni baron, ni duc, ni même chevalier, au grand désarroi de son père.
Étant de sang noble malgré tout, Dame Margot convenait le plus souvent quand il s’adressait directement à elle, mais là en présence de la troupe et du messager il fallait marquer le coup.
Coup qu’il accentua en rappelant à tous que lui-même membre de la famille Olok faisait parti de la famille, même si c’était par alliance en ce qui concernait Margot.
Tout ceci afin d’éviter tout quiproquos en l’absence de la baronne à la baronnie, et faire un petit rappel de la positon de chacun.

-« Nous ferions au mieux pour satisfaire votre splendeur, je m’en assurerais pendant votre absence. »
Il marqua une courte pause posant un regard rapide sur l’assemblée, (Charisme 17+2 = 19)
puis il reprit.

-« Quand vous serez à destination, je vous demanderai de bien vouloir passer le bonjour avec déférence à mon oncle et à ma tante, dites leurs qu’ils salut mes parents lorsqu’ils auront l’occasion de les rencontrer.
Quoi que je vous… »

Anselme allait proposer, voir insister d’accompagner Margot jusqu’à Olok, mais il savait qu’elle en serait la réponse, de plus il savait aussi que si il partait il ne reviendrait pas, il ne le pourrait pas, mais ça son père ne l’apprécierait pas, si bien qu’il poursuivit en ajoutant.

-« Quoi que vous ne serez pas absente longtemps… Anselme marqua une courte pause… je me languirais en attendant votre retour Dame. »

Puis il lui adressa un sourire de bonne grâce, mais qui aurait pu très bien se traduire par "pitié ne m'abandonner pas ici !"

(ps : J'ai fais un jet de charisme à toi de voir si il était nécessaire ou non ?)

Le discours d’Anselme fit grand effet sur l’auditoire. Ceux qui étaient de prime abord dubitatifs furent immédiatement rassurés par la confiance qu’il dégagea lorsqu’il parlait de « prendre les choses en main ». C’était bien sûr davantage une marque de respect obligé de leur part qu’une réelle envie d’être dirigés par le fils d’Olok, mais chacun comprenait alors qu’il était tout de même le mieux placé pour s’acquitter de la régence. Margot fut elle aussi confiante de quant à ses capacités à prendre la relève durant son absence et elle acquiesça d’un hochement de tête à ses mots. Puis, elle fit signe à Elisthor de s’asseoir parmi les convives et demanda à Lhassa qu’elle le serve.

*Lhassa alla chercher un plateau et un tranchoir qu'elle disposa devant Elisthor avant de lui servir une généreuse portion, puis s'inclina avant de reculer de quelques pas, elle resta à proximité pour répondre aux demandes de l'honorable invité*

Le messager inclina la tête en signe de remerciement. Ne parlant pas l’Astrien du Nord, il demeura silencieux tout au long de son repas. Il était laconique et semblait peu à son aise dans un si grand groupe. Quand il eut terminé son repas, Lhassa récupéra docilement son plateau de bois.

Alors que les gens retournaient lentement à leur tâche après le déjeuner, Margot enjoignit Agnès et Frédélin à se préparer pour le voyage qui les attendait. Elle offrit l’hospitalité à Elisthor. Il logerait dans la maisonnette jusqu’à leur départ, qu’elle prévoyait pour le lendemain. Elle demanda à Julien de s’occuper du cheval.

Le messager s’installa confortablement au bord du feu et sortit une blague à tabac de sa besace ainsi qu’une pipe de bois noir qu’il bourra consciencieusement. Il saisit une branche et s’alluma sur le tison, faisant naître de denses volutes de fumée. Puis il s’adressa à Anselme en Nordais de l’Ouest : « Alors Messire… pas trop le mal du pays? »

- « … pas trop le mal du pays ? » Anselme répéta cette phrase à voix haute.

Le mal du pays oui il l’avait bien sur, comment pourrait il en être autrement dans ce trou perdu au milieu de nulle pars.
Couper de ses racines, de sa famille, de ses amis...
Rester sans nouvelles de tous ses gens, ne pas pouvoir utiliser, voir même juste toucher toutes ces choses auxquels l’on tient, choses matériels ou non.
Jusqu'à récemment Anselme n’avait mangé quasiment que son pain blanc, les choses avaient changées depuis son arrivé à la Baronnie, et le pain noir sorti du four ces derniers mois était lourd à digérer.

Son seul lien de parenté en ce lieu, excepté Margot, c’était son cousin Helmut et il était six pieds sous terre.
Quand à Margot qui lui faisait l’honneur de lui confier la baronnie pendant son absence, il n’avait pus que répondre favorablement à sa requête.
Dans quel embarras aurait elle voyagé si elle avait su qu’elle avait laissé SA Baronnie aux mains de quelqu’un qui ne demandait pas autre chose que de l’accompagner, de tout laisser tomber.

Mais Anselme avait sa fierté et assumait son rang, et ne voulant pas parler de ça à ce moment là, il fit cette réponse qu'il avait lu dans un roman de chevalerie, une confrérie de chevaliers rassemblés autour d’une table ronde.
La réponse, un extrait de ce roman de chevalerie donc, se voulait volontairement dépourvu de sens, mais qui il l’espérait rendrait le messager dubitatif et sans voix :

- « Écoutez, comme ça a priori ça m'évoque rien, mais honnêtement c'est possible, ce serait assez le genre de la maison en tout cas !
Je dirais que c'est une réponse compulsive à une peur de m'attacher, briser une relation plutôt que de la cultiver pour ne pas se retrouver démuni face au bonheur ! Oui pour répondre à votre question : j'ai peur d'aimer !

"Mundi placet et spiritus minima", ça n'a aucun sens mais on pourrait très bien imaginer une traduction du type : "Le roseau plie, mais ne cède... qu'en cas de pépin" ce qui ne veut rien dire non plus. »

Anselme n’aurait pas pu atteindre davantage son but. Le messager resta dubitatif et sans voix un moment. Puis, fronçant les sourcils, il toisa Anselme d’un regard grave en tirant sur sa pipe. Il expira ensuite la fumée par les narines. Cela lui conférait un aspect démoniaque. Il détourna son regard et répondit en fixant l’horizon : « Mouais… c’est pas faux ».

[Je poursuis dans « Projet », mais, conformément aux habitudes, le présent sujet n’est pas clos et vous pouvez continuer à y intervenir! Autrement dit, "Tempora mori, tempora mundis recorda.[...] ça ne veut absolument rien dire, mais l’effet reste le même..." : ça fait plaisir à Asmo]